Sylvain Lagarde

L’autodidacte :
Sylvain Lagarde est un autodidacte qui a appris la photographie sans suivre de formation, ni d’école. Il exerce une autre profession mais a cependant un statut d'auteur-photographe qui lui permet de travailler de temps en temps comme photographe professionnel.  Il a déclaré être influencé par des photographes comme Bill Brandt, Capa, Doisneau, Kenna, Kertesz, Koudelka, Lucien Herve et Marc Riboud. En 2005 il remporte la Bourse Olympus, en 2008 il est le coup de cœur du Grand Prix SFR Jeunes Talent de l’année. Il a également beaucoup exposé en France : A Paris, Lyon, Toulouse, Pau, Honfleur et à Cherbourg en autre. En juin 2010 il fait une exposition à la Gape gallery de Prague, en novembre de la même année il est au Salon de la photo dans le cadre du projet collectif de correspondance visuelle après avoir été exposé à la galerie Studio Art Concept de Bordeaux.

Il est connu pour ses séries de prises de vues, souvent répétitives, qui lui permettent des variations autour d'un sujet unique sur l'architecture dans la ville ou sur des portraits pris en Inde. C’est un photographe qui a comme ambition de saisir quelques moments insolites, la poésie du monde et des hommes : Eléments d'urbanisme des villes, paysages ou personnages dans leurs milieux urbains. Ce qui intéresse Sylvain Lagarde, c'est le reportage sur le monde, associé à l’humble diversité du regard. Son blog donne une bonne idée de son étendue photographique. On y trouve un mix de portraits, de paysages, d'instantanés et de photographies urbaines aux lumières contrastées. C'est un photographe qui, dans ses thèmes, touche aux paysages, à l'humanisme et à l'architecture. J'ai choisi de le faire figurer dans la catégorie "urbaniste" car je l'ai découvert grâce à ses prises de vue d'architecture et ses clichés très graphiques. Mais il ne faut surtout pas réduire son travail à cette simple spécialité. Il s'agit bien d'un photographe généraliste du Noir et Blanc !


La photographie ou l'art de penser par l'œil, bien ouvert :
Voici la présentation qui figure sur son site : « Photographier... Quand je veux déclencher pour figer dans le temps un moment, pour saisir une image et la voler au temps, c'est que quelque chose, pour moi, fait sens : pour mon œil (un plaisir esthétique), pour mon cœur (une émotion), pour ma tête (je ne peux m'empêcher de penser à un discours, à un vague message délivré par l'image - le reportage est-il par exemple jamais objectif ?).

Le Noir et Blanc me semble souvent plus à même de restituer cette adéquation parce qu'il n'est pas clinquant et va à l'essentiel. Ce qui ne veut pas dire que la couleur n'a pas ses mérites. La couleur impose une autre âme. Mais la photographie noir et blanc me semble une épure du réel, une abstraction bénéfique... pour le moment... On verra demain... L'important est de capturer l'âme fantomatique du moment qui est en train de mourir sous nos yeux... Les photos forment donc le kaléidoscope visuel qui compose un point de vue sur le monde : c'est-à-dire un regard particulier (ce qui ne veut pas dire, pour autant, original ; bien au contraire, parfois), une opinion, et une humeur à un moment donné. » D'où le néologisme qui sert de nom à son site : http://www.mnemospection.com/index.php « Un terme pour essayer de suggérer que la mémoire passe en partie (essentiellement ?) par le regard et que pour conserver cette mémoire, il faut fixer ce regard... Rien que de très banal. Et ce qui doit échapper à cette banalité ? La richesse inépuisable de ce qu'il faut fixer. Je ne peux que reprendre les mots de Cartier-Bresson : "C'est pour chacun de nous en partant de notre œil que commence l'espace qui va s'élargissant jusqu'à l'infini, espace présent qui nous frappe avec plus ou moins d'intensité et qui va immédiatement s'enfermer dans nos souvenirs et s'y modifier." »


Traitements et matériels :
Attentif à la lumière et aux lignes que peuvent offrir les paysages, Sylvain Lagarde s'applique à nous faire partager de vastes espaces, accompagnés d'un noir et blanc contrasté. Lumières contrastées, cieux voilés, nuageux ou chargés, ces conditions permettent souvent à Sylvain de prendre des photos à contre jour tout en gardant une bonne dynamique. Aujourd’hui il travaille principalement en numérique, mais cela n’a pas été toujours le cas car dans ses débuts il a longtemps photographié en argentique et réalisé ses propres tirages en laboratoire. Cette pratique et cette expérience lui permettent maintenant d'appliquer sur ses clichés numériques des post-traitements fortement inspirés des rendus argentiques. Précisons qu’il arrive encore à Sylvain de photographier en argentique quand il lui prend l’envie de shooter avec son Holga. Mais même dans ce cas on peut dire qu’il fait de "l'argentico-numérique" car il scanne ses négatifs et applique un post-traitement sur ses fichiers numériques. Il avoue également avoir retrouvé quelques sensations du labo noir et blanc grâce au numérique. Quand il travaille en numérique couleur à partir d'un JPEG ou d’un RAW, il effectue une conversion de la couleur vers le noir et blanc cela lui permet de reproduire le contraste des filtres argentiques. Il privilégie la méthode du mélangeur de couches sous Photoshop, avant de retravailler les niveaux pour arriver à de très forts contrastes sans, pour autant, perdre d’informations dans les hautes et les basses lumières. Utilisateur passionné des nuances de gris, j’entends des noirs, des blancs et des gris, Sylvain recherche l'épuration du réel. Il reconnait que si le noir et blanc se construit dès la prise de vue, l'outil numérique lui offre de larges possibilités supplémentaires de retraitement. Que ce soit pour ses prises de vue lors de son reportage en Inde ou dans ses séries traitant de l’urbanisme, Sylvain utilise la lumière et les lignes pour composer ses images. Il fait exactement comme il le ferait pour figer des paysages. D’ailleurs quelque soit le sujet abordé dans ses clichés, on retrouve toujours le même souci du noir et blanc très contrasté.

Sylvain travaille presque toujours avec des boîtiers Canon, il possède notamment un 5D et un 5DMkII. Pour la photo de paysage, il n'utilise que des objectifs « grand angle » en-dessous du 35mm, préférant en général le 16mm et le 18mm qui permettent de couvrir un très large champ en 24x36. Avec ce type de matériels et malgré des paysages vastes et étendus, Sylvain arrive à mettre en avant des premiers plans intéressants, soulignant la matière de ces grandes étendues. En architecture il est sensible aux compositions graphiques, dans la nature comme en milieu urbain. Il s'amuse ainsi avec des jeux de lignes qui guident le regard dans la lecture de l'image permettant une circulation du regard au sein du cadre. L'œil de Sylvain Lagarde peut être incisif ou distancié, il découpe le réel en touches de noir et de blanc.


Son choix d’expression :
Sylvain Lagarde a orienté principalement son travail en réalisant des séries autour de thèmes récurrents qui thématisent ses expositions. Par exemple « De la photographie envisagée comme tauromachie » est une série urbaine consacrée aux cornes que l'on peut rencontrer dans l'architecture qui nous entoure. Un exercice de style à la recherche du détail et un défit esthétique. La faible profondeur de champ utilisée, la mise au point sur le sujet central mettent la matière à l’honneur qui devient pleine de sens et d'esthétisme. Dans « Esotérisme de nos toits » c’est cette fois un autre thème architectural qui est sujet de la série mais c’est aussi une autre approche qui sert à confronter les toits et les cieux. Il compose ainsi des prises de vue aux lignes épurées tout en y intégrant des cieux très expressifs qui contrastent avec les toits. Les cieux chargés laissent souvent passer un rayon de lumière qui donne une dynamique particulière et renforce le contraste entre le noir et le blanc.


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :