De la Hongrie aux Etats-Unis en passant par la France :
D'origine hongroise Nora Telkes est née en 1890 à Budapest, qu’elle quitte en 1913 pour s’installer avec sa sœur à Paris. Lorsque la première guerre mondiale éclate, l'Autriche-Hongrie est considérée comme ennemie de la France, la hongroise Nora est internée dans un camp de prisonniers civils. Elle sera libérée en 1917, année où elle part pour les États-Unis. C'est là qu'elle rencontre son futur mari, Adrien-Émile Dumas, l'architecte suisse né à Satigny est aussi photographe à ses heures. D’ailleurs il signe ses images Dumas-Satigny. De retour en France en 1925 elle décide de se mettre sérieusement à la photographie. Elle acquiert un appareil moderne (un Rolleiflex) en 1928, et se consacre pleinement à la photographie. Elle signe à son tour ses premières prises de vue, sous le nom de Dumas-Satigny. En 1930, Nora Dumas travaille avec sa compatriote émigrée photographe Ergy Landau, qu’elle assiste dans son studio parisien. Elle rencontre ainsi Ylla, une autre compatriote, également élève de Landau.
Se spécialiser dans les années 30 :
Photographe professionnelle reconnue et typique de l'entre-deux-guerres, elle réalise aussi bien des photos d’illustration comme les nus de la célèbre muse Assia, que des images animalières ou des photos publicitaires. L’atmosphère populaire des années 30 la conduit à explorer avec beaucoup de sensibilité le monde paysan et notamment en Ile-de-France. Cela deviendra l’une de ses spécificités et en quelque sorte sa marque de fabrique. Nora Dumas est l’une des rares photographes à choisir de se spécialiser à cette époque là. Elle prend des scènes iconiques de la vie rurale et des portraits de paysans, pour le moins rustiques, remarquables et remarqués. Elle contribue ainsi à créer un fonds documentaire précieux. A base de cadrages resserrés, de mises au point impitoyables, sa photographie témoigne de la vie quotidienne d’une paysannerie que le progrès technique va considérablement transformer. Ses images seront largement diffusées dans la presse. Bien qu'elle fasse parfois des photographies qualifiées à l’époque de « style moderniste », elle est résolument proche de la photographie humaniste. Avec Brassaï, Landau et Kertész, Nora Dumas contribuera ainsi à mettre en place le vocabulaire humaniste qui connaîtra ses grandes heures après-guerre.
D’expositions en Galeries :
Dès 1931 elle participe activement à la vie photographique, elle expose avec Ilse Bing et Maurice Tabard à la fameuse galerie Pléiade, puis à la fin de 1931, elle expose à la Galerie Plume d'or. La même année, elle participe à l'exposition Das Bild à Munich en compagnie de Florence Henri, René Zuber, Germaine Krull, Ergy Landau et de Kollar. Elle expose aussi bien en France qu'à l'étranger et publie son travail, notamment dans « Art et Métier Graphique ». De l’Exposition internationale de Munich en 1931 à l’Exposition des « photographes hongrois de Paris » à la Maison de la Hongrie en 1933, Dumas est présente dans toutes les manifestations importantes en Europe. En 1933 toujours, elle présente six de ses photographies à l'exposition « Deuxième Internationale de la Photographie et du Cinéma ». En 1934, elle participe à une exposition de groupe de la Galerie Pléiade intitulée « La publicité par la photographie ». En 1937, à l'exposition « Les Dix », organisée chez le décorateur Jules Leleu, elle présente ses photos en compagnie de celles de Kollar, Landau, Brassaï, Boucher et Zuber. Elle participe également à une exposition de groupe, organisée à la Galerie d'Art et d'Industrie. En 1938, le public peut voir ses photos à la Galerie Paul Magné, à l'exposition « Revue de la Photographie 1938 ». En 1939, elle expose dix photos pour « Les visages de la France », au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Enfin, en 1946 elle intègre l’agence Rapho. Le Centre de création industrielle du Centre Pompidou possède quelques-unes de ses œuvres.
Vous trouverez quelques unes des images de Nora Dumas sur le site de l’agence Gamma-Rapho http://www.gamma-rapho-expos.com/Photographes/Dumas-Nora