Qui est Joseph-Philippe ?
Joseph-Philippe Bevillard est né en 1964 à Boston et vit aujourd’hui en Irlande depuis mai 2000. Pourtant, tout n’a pas été simple, lors de son arrivée en Irlande, le photographe y a en effet rencontré quelques difficultés. Son approche photographique a été beaucoup plus compliquée qu’à son habitude, en raison de la culture des irlandais et de leur style de vie qui était très différent de ce qu’il connaissait aux États-Unis. Puis avec le temps il a su s’y prendre et a acquis le sentiment d'accomplissement et de satisfaction dans son travail. À l'âge de trois ans, il devient totalement sourd et apprend à vivre sans le sens des sons, il commence à dessiner et à peindre. Comme beaucoup de personnes souffrant de ce handicap, il développe la faculté de lire dans les yeux des gens qui l’entourent et est sensible et réceptif aux expressions faciales. Depuis il ne converse que très rarement par la voix, mais beaucoup plus au travers de l'analyse visuelle et de l'objectif de son appareil photo. Tout commence pour lui en 1984 quand il se met à la photographie. Il a étudié l’Art aux États-Unis, à New York à l'Institut de Technologie de Rochester. Il fait alors des photographies de portraits, de mode, de paysages, de natures mortes et d’architecture. C’est en 1990, alors qu'il assiste à un cours sur le portrait à l’Institut, qu’il a découvert sa véritable vocation en mesurant l’intérêt certain qu’il portait pour les portraits en noir et blanc. Il décide alors que cela sera le fil conducteur de son travail photographique. Aujourd’hui Joseph-Philippe n’est plus un débutant, il a remporté plusieurs prix aux États-Unis dont le premier très tôt, en 1985 alors qu’il poursuivait encore ses études. Son travail a également fait l’objet de nombreuses expositions aux États-Unis, en Irlande et en Espagne. En 2009, il a reçu une subvention du Conseil des arts de l'Irlande du Nord pour l’aider dans son projet de portrait en cours.
L’orientation de son travail :
Joseph-Philippe Bevillard reconnaît être influencé par le travail de Diane Arbus, Paul Strand, Août Sanders, Brassaï et Richard Avedon. Il a eu la chance d'avoir eu des professeurs qui ont été étudiants auprès de ces grands faiseurs d'images. D’ailleurs pour être honnête, quand j’ai découvert le travail de Joseph-Philippe Bevillard , j’y ai vu Diane Arbus. Le format déjà, l’esprit des images ensuite, et surtout les sujets abordés (l’exclusion sous différentes formes, pour faire court) sont tellement proches que Joseph a ressuscité en mon esprit l’œuvre de Diane. Je lui ai d’ailleurs tout de suite indiqué via un réseau social que nous partageons tous deux. Joseph-Philippe s’intéresse plus particulièrement aux visages inhabituels, aux exclus, aux gens pas comme les autres ou à des personnes ayant des caractéristiques visuelles fortes. Il s’intéresse aux « fêtards », aux gens de la rue, aux artistes ainsi qu’à tous ceux qui vivent en marge de la société que ce soit par le choix de leur mode de vie ou par leur look. Il admire l'individualité des gens qu’il photographie, il commence alors à documenter les gens extraordinaires ! Peu à peu pour faire ses images, il entreprend une série de voyages dans lesquels il recherche de nouvelles cultures ou des lieux insolites afin d'élargir la diversité des sujets qu’il aborde. Séduit par l'insolite, l'unique et l’avant-gardiste son sens artistique de l'aventure le conduit dans des endroits très éloigné de l'ordinaire. Depuis 2010 par exemple, Joseph-Philippe a entamé un travail spécifique sur les gens du voyage en Irlande. En tant qu'artiste, il s’attache à capturer leur pureté d’âme ainsi que leur style de vie au travers de leurs portraits. A ce propos, il nous livre sa version de ce qu’est pour lui un bon portrait : « Je crois qu'un bon portrait doit être en mesure de montrer ce qu'une personne a été, ce qu’elle est et ce qu’elle sera ».
Des images honnêtes :
Une belle photographie ne se résume pas par la seule beauté apparente en surface de l’image, c’est bien plus compliqué à prendre car il s’agit de la combinaison d’un ensemble (composition, éclairage, contraste, contexte, détail et expression). D’ailleurs, les portraits de Bevillard parlent d'eux-mêmes, il a la capacité dans ses clichés de faire passer l’histoire de chacun de ses sujets. Il capture un aperçu des âmes de ses modèles et raconte ainsi leur vie sans avoir besoin de légender outre mesure chaque prise de vue. Joseph-Philippe travaille exclusivement en argentique au moyen format et toujours avec des films en noir et blanc. Ses portraits sont directs et atypiques, il évite tout recadrage à postériori et a la volonté de montrer « des images honnêtes » comme il le déclare lui même. Il livre des photographies fidèles aux images à la vision qu’il a eue dans son viseur, au moment où il a appuyé sur le déclencheur. Sa méthode de communication est le ciment de la construction de ses productions finales. C’est un lien unique qu’il a avec ses sujets qui lui permet de capter leur essence et de transmettre visuellement qui ils sont vraiment, sans artifice. Joseph-Philippe affirme que « Ses images les plus réussies sont celles où le spectateur s’identifie avec le sujet. »
Je vous invite à visiter le site internet de Joseph-Philippe Bevillard, vous y découvrirez un très bel aperçu de l’étendue de son talent : https://www.jpbevillard.com/