François Gragnon est un photographe français né en 1929. Son premier contact avec la photo a commencé par une collaboration avec un ami dont la fonction consistait à photographier les élèves des écoles. Ainsi, il a sillonné toute la France avec ses plaques, jusqu'au jour où dans une école parisienne, François se permet de remettre à sa place un élève récalcitrant. Plainte de la directrice. Renvoi du jeune François... qui avait déjà ce caractère entier qu'on lui connaît. Puis, ce sera l'époque du journalisme pour France Soir, engagé par Pierre Lazareff, l'expérience durera 4 ans jusqu’à ce que François refuse de faire un reportage et démissionne...
Parmi les grands photographes de la première heure de Paris Match, François Gragnon est embauché en 1955 comme pigiste, par André Lacaze. Il avait alors 24 ans, il y exercera comme photographe jusqu’en 1980 ! Il a rapidement su s'imposer par la qualité de ses photos. Il faisait tout ce que les autres ne voulaient pas faire. Il s'achète un Leica et s’est à lui que le journal confiait "le choc des photos", des images qui ont, pour beaucoup, fait le tour du monde et qui restent ancrées dans les mémoires. Il faut ajouter qu’à cette époque il n'y avait qu'une seule chaîne de télévision et pas de journaux concurrents, ce qui explique les chiffres formidables qu'enregistrait le journal. C’était pour lui la grande époque : Voitures de sport, palaces, Festival de Cannes durant lequel il logeait au Carlton... « On avait tout ce qu'on voulait » confiera t-il.
A Noirmoutier, où il réside, on l'appelle affectueusement « le capitaine ». Certaines de ses photos sont connues à travers le monde, comme celle d'Hitchcock de dos, entrant dans l'eau jusqu'aux genoux, celle de Marlène Dietrich, au théâtre de l'Étoile en 1959, vêtue d'un immense manteau de fourrure blanche, sa série faire sur Steve McQueen au championnat du monde d’enduro d’Erfurt en 1964, ou encore, Céline à sa table de travail, La Callas, de Gaulle, Piaf et tant d'autres.
Pour chaque cliché, une histoire que confie ça et là François Gragnon : « Nous avions donné rendez-vous à Alfred Hitchcock à 7 heures du matin, à Cannes, il présentait son film Les Oiseaux. Nous lui avions demandé d'être habillé très british. A 7 heures précises, il sort de l'ascenseur. Nous l'emmenons dans une petite crique pour une prise de vue au bord de l'eau, loin des autres photographes. Là, il confesse : ''Vous savez, je marche sur l'eau''. Puis, il s'avance et s'enfonce dans l'eau, les bras en croix le long du corps. De retour sur la plage, il déclare : ''Aujourd'hui, cela n'a pas fonctionné.'' »
L’autre photo célèbre d’Alfred Hitchcock pendu cache également une histoire : « Hitchcock aimait se mettre en scène et il ne fallait surtout pas lui suggérer une pose. La première fois, c'est lui qui a imaginé de s'accrocher à un porte-manteau. »
A propos de la photo de Marlène Dietrich au théâtre de l'Étoile : « Elle est en répétition et les photographes sont invités. Ils sont tous agglutinés devant la scène. Moi, je ne trouve pas l'angle intéressant. Je remonte dans la salle, et m'installe dans une rangée de fauteuils. Bientôt, les photographes sont priés de sortir et Marlène part dans sa loge. Je reste. Elle revient, enveloppée de la tête aux pieds dans un manteau de fourrure blanche. Et lorsqu'elle se penche, comme pour un salut, je fais ma photo. Vite, je remplace la pellicule, au cas où... » Autre grand souvenir, son entrevue avec Louis Ferdinand Céline. François raconte : « c'était la grande époque, voitures de sport, palaces. Nous étions invités au Carlton durant le festival de Cannes ! »
Quelques unes de ses images sont sur http://www.lagaleriedelinstant.com/francois-gragnon/