Ruth Orkin est née le 3 septembre 1921 à Boston dans le Massachusetts, elle grandit à Hollywood à l’apogée des années 1920 et 1930. À l'âge de 10 ans, elle a reçu son premier appareil photo, « un Univex à 39 cents ». Agée de seulement 17 ans, elle entreprend un important voyage à travers les États-Unis, de Los Angeles à New York, dans le but d’assister à l'exposition universelle de 1939. Elle photographie tout en chemin. Puis Orkin déménage à New York en 1943, elle travaille comme photographe dans les boîtes de nuit en soirées et prend des photos de bébé la journée. Au bout de quelques années elle achète son premier appareil photo professionnel.
Dans les années 40 elle commence à travailler pour tous les principaux magazines et se rend également au célèbre festival de musique de Tanglewood pendant les étés pour prendre des photos de répétitions. Ainsi elle va photographier plusieurs des plus grands musiciens du monde, dont Leonard Bernstein, Isaac Stern, Aaron Copland, Jascha Heifitz et Serge Koussevitzky.
En 1951, Ruth se rend en Italie et c'est à Florence qu'elle rencontre une compatriote américaine nommée Ninalee Craig, alors âgée de 23 ans et étudiante en art. Elle devient Jinx Allen, sujet central d’une série photo intitulée « American girl in Italy ». qui montre une jeune femme voyageant seule en Europe, ce qui est très rare à cette époque. Issue de cette série, la jeune fille marchant dans les rues de Florence, est depuis devenue un incontournable des photographies affichées dans les dortoirs de filles et les maisons de femmes. C’est un instantané sur le féminisme et le harcèlement de rue, bien avant même que ces termes ne soient utilisés.
A son retour à New York, Orkin épouse le photographe et cinéaste Morris Engel. Ensemble, ils ont produit et réalisé deux longs métrages, dont le célèbre « Little Fugitive », nominé pour un Award en 1953. Depuis leur appartement à New York donnant sur Central Park, Orkin a photographié des marathons, des défilés, des concerts et les saisons... Elle aborde tous les sujets, c’est en ce sens qu’elle est qualifiée de photojournaliste. Pourtant derrière ses images se cache une vraie humaniste, sensible qui aime traiter des moments simples de la vie. Ainsi en témoignent la série de « Jimmy the Storyteller » prise en 1946 à New York ou les superbes photographies de Tirza prises en Israël en 1951 ou encore le superbe « Jeu de cartes » fougueux entre enfants figé à New York en 1955, et reflétant l’innocence et la joie de l’enfance. Personnellement je préfère associer le travail de Ruth Orkin à celui des photographes humanistes.
Aujourd’hui Ruth Orkin est connue pour avoir photographié des célébrités, la ville de New York et des grands musiciens classiques, ses photographies ont fait l’objet de deux livres très appréciés : « A World Through My Window » (Un monde à travers ma fenêtre) et « More Pictures From My Window » (Plus de photos depuis ma fenêtre). Elle décède des suites d'un cancer le 16 janvier 1985 à New York.
Vous pouvez apprécier une partie de ses photographies sur le site https://www.orkinphoto.com/