Marc Riboud

Ses débuts :

Marc Riboud est né en 1923 à Lyon. A l'Exposition Universelle de Paris en 1937, il prend ses premières photographies avec le petit Vest-Pocket offert par son père pour ses 14 ans. En 1944, il entre dans le maquis et participe aux combats dans le Vercors. Marc Riboud reçoit une formation d'ingénieur à l'École centrale de Lyon entre 1945 à 1948. Son premier poste est dans une usine de Villeurbanne, qu’il occupera jusqu'en 1952. Quand, stimulé par la découverte des grands photographes au MoMA de New York, il décide de faire d'un loisir d'adolescent son métier. A l'issue d'une semaine de vacances prise pour photographier le Festival de Lyon, il « oublie » de retourner à l'usine et décide de se consacrer à la photographie. Il s'installe à Paris la même année. En 1953, il obtient une publication dans le magazine « Life » pour sa célèbre photo de Zazou un peintre qui travaille sur la Tour Eiffel en défiant le vide en toute tranquillité. Il intègre l'agence Magnum et sympathise ainsi avec les photographes qu'il admire, Robert Capa, David Seymour, George Rodger et surtout Henri Cartier-Bresson, qui deviendra son mentor.


L’agence Magnum :

Ses débuts ont été lents, intimidé par les personnalités de Cartier-Bresson et de Capa, qui étaient pour lui des idoles. Il était complexé, ne savait pas voyager comme eux et ne connaissait rien au photojournalisme. Cartier-Bresson et quelques autres avaient de fortes tendances pédagogiques et moralisatrices. Ils étaient les modèles et inconsciemment mettaient une pression morale. Ainsi en matière de travail photo leur façon de faire définissait la règle à suivre, Riboud déclarera que leurs actes dictaient la norme dans l’agence : « jusqu'à la manière de ranger les appareils dans sa sacoche ». Puisque Marc les respectait, il a comme beaucoup d’autres été naturellement influencé par eux. Mais il avait également le réflexe naturel de mettre des limites quand cela devenait nécessaire. Il a toujours eu une forte envie d’indépendance et sa première décision, dès qu’il entre chez Magnum, est de quitter Paris et la France pendant deux ans. Cappa l'envoie à Londres avec pour objectif de voir les filles et apprendre l'anglais. Il n'apprendra pas l'anglais mais photographiera intensément et réalisera un reportage social très profond sur la ville industrielle de Leeds. Pendant ce temps il a peu de contacts avec les autres photographes. Quand il rencontre des confrères, ils ne parlent pas photos, mais plutôt des pays visités et des personnages rencontrés. Chacun s’échange adresses, noms de bistrots et aventures vécues.


Ses voyages :

En 1955 pour son premier séjour, il se rend en Inde par la route via le Moyen-Orient et l'Afghanistan. Il restera un an sur place ce qui constitue les prémices de sa relation avec l'Orient. Dès lors il ne cessera jamais de fréquenter l’Asie, notamment la Chine qu'il visitera en 1956 et dont il deviendra un passionné. En 1960 après avoir passé trois mois en URSS, il couvre les violentes accessions à l'indépendance en Afrique noire en 1961 puis en Algérie, en 1962. Il se trouve à Hong Kong en 1968, marié et papa de deux enfants, quand les vietnamiens lancent l'offensive du Têt. Attiré par le danger, il prend immédiatement l'avion pour Saigon et se retrouve à Hué. Entre 1968 et 1969, il effectue des reportages au Sud ainsi qu’au Nord Vietnam, où il est l’un des rares photographes à pouvoir entrer. Entre temps il reviendra à Paris pour suivre les évènements de Mai 68. Plus tard en 1971 il couvrira la guerre au Bengladesh. Il restera longtemps vice-président de l’agence Magnum, puis en deviendra le président de 1975 à 1980.


Ses œuvres :

En 1967, la photographie d'une jeune femme, Jane Rose Kasmir, opposant une fleur aux baïonnettes des soldats lors d’une marche pour la paix au Vietnam à Washington, compte parmi les symboles les plus forts du mouvement des étudiants américains contre la guerre. Elle appartient aussi au petit nombre des images les plus célèbres de l'histoire de la photographie du XXeme siècle.

Il a publié également plusieurs livres, dont « Femmes du Japon » 1951, « Visages du Vietnam du Nord » 1970, « Vues de Chine » 1981, « Gares et trains » 1983. Depuis les années 80, il est régulièrement retourné en Orient et en Extrême-Orient et a exposé à Paris, Londres, New York, Beijing, Hong Kong, Bilbao… Il a reçu plusieurs récompenses dont deux prix de l’Overseas Press Club, le Time-Life Achievement, Lucie Award ou l’ICP Infinity Award.


Riboud l’humaniste :

L'œuvre que Marc Riboud se construit est celle d'un observateur solitaire capable de s'imprégner des lieux et d'approcher ses habitants au prix de nombreux et longs séjours. Il a parcouru le monde, particulièrement l'Inde, la Chine, le Vietnam, les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Ses clichés sont les réactions spontanées de ses rencontres, autant de sujets pour lesquels les impératifs du photojournalisme n'entravent jamais le regard poétique d'un humaniste curieux de toutes les cultures. Grand témoin du siècle dernier,  Marc Riboud  a parcouru  et photographié le continent asiatique comme personne. Ses photographies en ont fait une libre évocation humaniste grâce à son appareil fétiche, le Leïca.


Voici la préface  de son site : http://www.marcriboud.com/marcriboud/accueil.html « Images commandées ou photos buissonnières, depuis 50 ans Marc Riboud sillonne la planète comme un reporter, un voyageur, un promeneur qui aime prendre son temps. Les amateurs connaissent son goût pour la surprise, sa sympathie pour les êtres. Rétif à la violence, ses photos révèlent le plaisir de l’œil. »


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :