Manuel Carrillo est né à Mexico en 1906, il a 16 ans et ne parle pas l'anglais, quand il déménage et trouve un travail à New York. Huit ans plus tard, en 1930, il rentre au Mexique où, grâce à sa maîtrise de l'anglais, il occupe des postes administratifs dans les chemins de fer et le tourisme. A partir 1950 il photographie la paysannerie mexicaine et le fera jusqu’à son décès, en 1989. Puis il rejoint le Club Fotografico de Mexico. A 49 ans, il épouse Consuelo Cadena et continue toujours à prendre des photographies pour son plaisir. Mais il lance réellement sa carrière photographique avec l'aide de son ami Frank Christopher, photographe et collectionneur, et d’Arnold Gilbert qui a une galerie à Chicago.
Un style à part :
Manuel Carrillo présente un Mexique très différent de celui de Manuel Alvarez Bravo ou de Tina Modotti, les photographies de Manuel représentent le Mexique rural. Il photographie ses sujets avec un Rolleiflex, qui est un moyen format qui confère à ses images monochromes une grande richesse de détails. Ses photographies humanistes immortalisent des hommes, des femmes et des enfants, des paysans, des indiens et des métis, ce qui résume le caractère multiculturel et cosmopolite du Mexique. Sous certains aspects, les images de Manuel Carrillo sont parfois similaires ou complètent les portraits de Paul Strand dans leur partie mexicaine de 1932 à 1934.
Son œuvre, un documentaire rural :
Manuel Carrillo a su capturer grâce à son œil esthétique unique et à son regard profond, la sensibilité du Mexique rural du XXème siècle qui précède la mondialisation. Il a pris des photographies à travers tout le Mexique, de Veracruz dans le golfe du Mexique à Guanajuato, plus à l'intérieur, en passant par Zihuatanejo son lieu préféré et magnifique de la côte pacifique mexicaine. Ses images représentent un documentaire social sur les communautés marginalisées de l’agriculture rurale, de l’élevage et de la pêche au Mexique. Dans ses prises de vue, les hommes et les femmes sont fiers et forts, les enfants sont heureux, curieux et optimistes, les animaux (souvent des chiens) jouent un rôle central dans la vie rurale. En revanche, il saisit également la désolation et le désespoir souvent présent dans le caractère de ce peuple. Il a photographié la période où les paysans portaient encore des vêtements traditionnels. Les hommes des sandales huarache, fabriquées à partir de pneus en caoutchouc recyclé usés avec des lanières en cuir. Les femmes sont toujours avec un rebozo, châle utilisé pour se protéger du froid et pour transporter les bébés ou les gros ballots encombrants.
Le très prisé Manuel Carrillo :
Manuel Carrillo fait sa première exposition internationale, intitulée « Mi Pueblo » (Mon peuple), à la Bibliothèque publique de Chicago en 1960. La seule monographie de son travail intitulée « Manuel Carrillo fotografias de México », a été publiée en 1987. Le travail de Manuel Carrillo a été vu dans plus de 200 expositions individuelles et dans une trentaine d’expositions de groupe sur quatre continents. Les œuvres de Manuel Carrillo font partie des plus grandes collections des Etats-Unis : San Antonio, Houston, Minneapolis, Chicago, Rockford, Nouvelle Orléans, San Francisco, Los Angeles, New York, El Paso et même à Kyoto au Japon.
L’université du Texas à El Paso acquiert les archives Carrillo en 1984, peu de temps avant la mort de Manuel qui décède à Mexico en 1989 à l'âge de 83 ans.
Vous trouverez un grand nombre de photographies de Manuel Carrillo en suivant ce lien : https://losgrandesfotografos.blogspot.com/2017/07/manuel-carrillo-1906-1989.html