Louis Stettner est né dans une famille d’origine juive autrichienne dans le quartier de Brooklyn, à New York, en 1922. Il prend ses premiers clichés dès l’adolescence, grâce à un appareil photographique offert par ses parents. Tout au long de son adolescence, il se rend régulièrement au Metropolitan Museum of Art le samedi où il continue de parcourir toute l'histoire de la photographie américaine. Dans les années 30, il s’identifie et fréquente des photographes engagés socialement comme Lisette Model, Edward Weston, Lewis Hine, Berenice Abbott et Weegee. Louis Stettner étudie (il ne suivra qu’un seul cours) et enseigne la photographie à la Photo League à New York, il est encouragé dans ses travaux par Alfred Stieglitz et Paul Strand. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est photographe dans l'armée américaine et sera envoyé dans le Pacifique et à Hiroshima.
La France, seconde patrie :
Après la guerre, en 1947, Stettner part pour un voyage de trois semaines à Paris, voyage qui dura en réalité près de cinq ans. Il s'installe dans la région parisienne, la France va devenir sa seconde patrie. Faute d'école de photographie, il étudie à l'Institut des hautes études cinématographiques dès 1947. Il obtient son baccalauréat en arts, photographie et cinéma à l'Université de Paris.
Une fois en France il reçoit une commande de la Photo League pour rassembler des impressions de quelques grands noms de la photographie française : Brassai, Izis, Boubat, Doisneau, Ronis, Masclet, etc. Il organiser la première exposition de photographie française d'après-guerre aux États-Unis à Galerie de la Photo League en 1948. L’expérience de la sélection de ces photographies a marqué le début de plusieurs amitiés fortes et durables, notamment avec Brassai, que Stettner considérait comme son maître. Son amitié de longue date avec Edouard Boubat a également débuté à cette époque. Stettner devint ainsi un membre actif et apprécié de la scène photographique d'après-guerre à Paris, où Eugene Smith et Robert Frank, lui rendraient visite lors de leurs voyages en France. Le retour de Paul Strand à Paris a également permis à Stettner d’établir une routine de déjeuners hebdomadaires avec lui… Durant cette période il collabore avec Life, Time, Réalités, Paris Match, Fortune et National Geographic.
Son œuvre :
Louis Stettner photographie Paris et New York depuis plus de 60 ans, capturant des images emblématiques des évolutions culturelles et architecturales des deux villes. Il possède des archives composées de milliers de clichés sur ces deux villes, si bien qu’aujourd’hui son travail constitue une source documentaire sur l’histoire, l’architecture et les habitants de ces villes. Dans ses clichés, il saisit d'abord l’atmosphère comme de rues désertes, des gens qui dorment, des boutiques vides ou des scènes dans des trains... Il aime inclure dans ses compositions l’ambiance météorologique comme le brouillard, la neige, le froid, le vent ou simplement des pavés humides. Certaines de ses images sont devenues emblématiques comme les deux enfants d’Aubervilliers prise en 1947 ou la vue sur la promenade de Brooklyn de 1954. Son travail est d'une qualité naturelle remarquable, il sait capturer l'ordinaire, la vie normale du quotidien. Il démontre une grande sensibilité en photographiant ses sujets toujours avec beaucoup de dignité.
Son style :
Lorsqu’on découvre son œuvre, on est bien en peine de lui coller une étiquette ou de définir un style personnel. Ami de Brassaï, Stettner a pratiqué la photographie de rue à Paris et à New York. Stettner connaissait ses classiques. C’était un érudit de la photographie qu’il a longtemps enseignée. Il en avait assimilé tous les codes, tous les styles, qu’il utilisait selon les époques avec une dextérité parfois déconcertante. Les fameux gosses d’Aubervilliers, ou les deux enfants qui courent en se tenant la main rue des Martyrs donnent à voir du Doisneau. Les deux texanes qu’il prend en 1975 à New York aux coiffures extravagantes nous plongent dans l’univers de Diane Arbus. L’image de Wall Street sous la pluie en 1987 nous retourne vers les compositions sombres de Bill Brandt...
Photographe jusqu’au bout :
Puis il continuera à photographier toujours avec une grande énergie, homme des arts il passe aussi beaucoup de temps à sculpter et à peindre. Il vivait depuis les années 1990 à Saint-Ouen. Après une vie bien remplie le photographe américain s'éteint à l’âge de 93 ans, le 13 octobre 2016.
Je vous recommande la visite du site de Louis Stettner : https://