La photographe mexicaine Graciela Iturbide, de son nom complet María Graciela del Carmen Iturbide Guerr, est née le 16 mai 1942 à Mexico. Elle fréquente durant son enfance les pensionnats conservateurs pour filles de familles aisées. C’est là qu’elle se sensibilise au monde catholique aux rites et aux traditions. A 27 ans, après sept ans de mariage et trois enfants, elle entame des études de cinéma et suit les cours de photographie de Manuel Álvarez Bravo qui devient rapidement son mentor. C’est lui l’encourage, pendant le deuil de sa fille de 6 ans, à passer à la photographie. Aujourd’hui elle est considérée avec ce dernier comme l'une des photographes les plus remarquables du paysage contemporain au Mexique. Elle a hérité de l’approche humaniste de son professeur, elle travaille exclusivement en noir et blanc et elle est fascinée par les expériences culturelles, religieuses et politiques du quotidien mexicain. Elle affirme que photographier est un prétexte pour apprendre.
Ses plus belles réalisations :
Dans les années 1970-1980, ses recherches pour l’Institut national indigéniste lui permettent de découvrir la grande diversité culturelle de son pays. Sa série « Juchitán de las mujeres, 1979 », dont fait partie la photographie intitulée « Nuestra Señora de las Iguanas », révèle la force et la fierté des femmes zapotèques. Parmi ses séries qui comptent le plus dans sa carrière figure également « Los que viven en la arena, 1981 » qui peut se traduire par « Ceux qui habitent dans le sable » étude photographique du peuple Seri du nord du Mexique. Puis il y a aussi la série « Fiesta y muerte » de 1988 qui est une enquête sur la fête des morts, les portraits de femmes malades du sida à Madagascar en 1990, ou encore « En el nombre del padre » de 1993, qui est un reportage sur le rituel annuel de l’abattage de chèvres à Oaxaca.
La quintessence de son œuvre :
Graciela est donc célèbre pour ses portraits d’Indiens Seris, qui vivent dans la région désertique de Sonora, pour son regard sur les femmes du Juchitán de l’isthme de Tehuantepec (Oaxaca) ou pour son essai fascinant sur les oiseaux. Elle poursuit un parcours visuel qui en plus de son Mexique natal comprend des pays aussi variés que l’Espagne, les États-Unis, l’Inde, l’Italie, l’Allemagne, l’Equateur ou Madagascar. Sa façon d’observer le monde à travers son objectif le présente à la fois comme un rêve et une réalité. Son travail se caractérise par un savant équilibre entre les époques, les symboles, la poésie, le rêve, les rituels, les traditions et les croyances. Elle met en scène des références historiques, religieuses, sociales et culturelles. Elle fige les traditions ancestrales, leurs survies délicates dans le temps, leurs transmissions entre générations et l’importance des rituels qui s’inspirent de la nature.
Une œuvre maintes fois primée :
Le travail intense et singulier de Graciela est essentiel pour comprendre l’évolution photographique au Mexique et dans le reste de l’Amérique latine. Elle développe un concept de photographie documentaire pour approfondir les relations des hommes, de la nature et de la culture. Durant une quarantaine d’années de prises de vues, elle a été récompensée plusieurs fois pour son œuvre. Ainsi elle est lauréate du Prix Eugene Smith en 1987, du prix Higashikawa en 1990, et surtout du prestigieux prix Hasselblad en 2008, la plus haute distinction photographique au monde, enfin elle obtient la prix Cornell Capa en 2015.
Le site de Graciela Iturbide est ici : http://www.gracielaiturbide.org/