Garry Winogrand est né le 14 janvier 1928 à New York. C’est un photographe américain renommé pour son portrait des États-Unis au milieu du XXème siècle. Mais il n’en reste pas moins quasi inconnu en Europe. Il est pourtant l’un des principaux représentants du mouvement de la photographie de rue dans la lignée de Walter Evans, de Robert Franck ou de Diane Arbus. Il détestait et trouvait stupide l’appellation de « Street photographe ». Pourtant il capture bien ses images dans le flot des rues. Ses compositions de ses photos de rue n’obéissaient à aucune règle classique. On n’y retrouve pas l’esthétique soignée et l’élégance volée d’Henri Cartier-Bresson. Pour lui « l’instant décisif » ne colle pas à la réalité américaine. Il disait : « Le monde n’est pas bien rangé c’est un cafouillis. Je ne cherche pas à le rendre lisse ». Garry Winogrand, comme Robert Franck, s’emparent au contraire de la vie des villes dans leur banalité, leur quotidien le plus ordinaire pour en extraire une intensité et une force brutes, sans se soucier d’en faire des œuvres d'art. Il a également déclaré : « Il n'y a rien de plus mystérieux qu’un fait clairement décrit. Je photographie pour voir à quoi ressemblera une chose une fois photographiée. », ce qui corrobore une approche différente de celle d’HCB.
Vétéran de la guerre, il a tout juste 20 ans, quand sa démobilisation lui permet d’étudier la peinture au City College, puis la photographie à l’université de Columbia. Les rues animées de la cité deviennent son terrain d’expérimentation, il commence alors à photographier intensément. Au début des années 1950, à New York, Garry Winogrand quitte son Bronx natal pour se rendre à Manhattan. Extrêmement prolifique, il ne s’arrêtera plus ! Diplôme en poche, il commence à photographier pour des grands magazines comme « Life », « Look » ou « Sports Illustrated ». Muni d’un 24x36 et d’un grand angle pour seul objectif, il mitraille tout et tout le temps.
Cliché après cliché, Garry dévoile l’Amérique triomphante d’après-guerre, dont la société découvre l’abondance et la consommation de masse après une grande période de dépression. Grâce à une certaine euphorie d’après guerre, le pays connaît alors une décennie exceptionnelle, un rêve américain. Mais derrière cette façade lisse, Winogrand observe les bouleversements de la société : la libération de la femme, l'émancipation des minorités noires et hispaniques, l’affranchissement de la culture gay... Il entrevoit des fissures et des fractures à peine perceptibles, mais bien réelles, entre les communautés, entre hommes et femmes, pauvres et riches, jeunes et conservateurs... Les clichés de Garry Winogrand représentent un inventaire de cette société qui se libère au prix chocs culturels importants. Il capture alors cette Amérique blessée après l’assassinat de Kennedy, déchirée par les luttes nées lors de la guerre du Vietnam, inquiète par la menace d’un conflit nucléaire…
A partir de 1971, il quitte New York pour s’installer à Austin, au Texas, avant de rejoindre Los Angeles en Californie. Son travail va s’en trouver bouleversé. Il a toujours été convaincu que le photographe Robert Frank dans son livre « The americans » avait manqué la véritable histoire de l'Amérique dans les années 1950, qu’il était passé à côté de la dissolution des villes sans réellement appréhender l’histoire de la banlieue qui s’invente alors, et l'isolement auquel sont confrontés ses habitants. Le photographe choisit de traverser le pays, pour montrer ce côté de l’Amérique, l’infinie désolation des espaces vides, des routes immenses et désertes perdues dans cet Ouest baigné d’une lumière crue. Ses photographies se modifient alors. Ses dernières images, souvent considérées comme plus faibles, manquent du souffle épique qui animait les premières années, moins attachantes, elles semblent avoir perdues en intensité dramatique.
En janvier 1984, Garry Winogrand est diagnostiqué d’un cancer, deux mois plus tard, le 19 mars 1984 il décède à Tijuana au Mexique, il était âgé seulement de 56 ans ! Dans les dernières années de sa vie, il photographiait toujours sans cesse, mais ne prenait même plus le temps de développer ses clichés, encore moins de les regarder. Il disait à ce propos : « Je pense parfois que je suis un mécanicien de l’image, je prends juste des photos ». Il a laissé des milliers de pellicules non archivées, la plupart exposées mais non triées, quelques 250 000 images au total ! Il faut avoir à l’esprit que Garry Winogrand a délégué ce travail de choix que représente l’édition qui ne le passionnait pas. Ainsi, sur les 5 livres parus de son vivant, il s’est seulement vraiment impliqué dans le premier « The animals ». Dernièrement, du 14 octobre 2014 au 8 février 2015, la RATP, partenaire du Jeu de Paume, a accompagné sa rétrospective photographique dans l’exposition «la RATP invite Garry Winogrand ». On a pu voir dans 16 stations et gares du réseau de magnifiques très grands formats de son travail, dont certaines exclusives.
Sachant que ses images, pourtant nombreuses, sont assez difficile à dénicher, je vous en propose un certain nombre que j’ai réuni au terme de beaucoup de recherches. Pour terminer cette biographie, je vous invite à vous rendre sur deux sites qui présentent une partie de son travail : http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/et https://fraenkelgallery.com/artists/garry-winogrand