Naissance de Rolfe Horn photographe :
Rolfe Horn est né à Walnut Creek en 1971. Il commence ses premiers pas photographiques avec l’appareil de son père à l’âge de 8 ans, il était fasciné par l’objet et les photos qu'il produirait. Hélas il n’en profitait pas comme il aurait voulu car son argent de poche (à l’époque 2$ par semaine) ne lui permettait pas d’acheter toutes les pellicules dont il avait besoin. A 14 ans, il découvre réellement la photographie au lycée quand il s'inscrit dans sa première classe de photographie. Il commence par photographier ses amis dans leurs jeux quotidiens. En trois mois il construit sa propre chambre noire à l’âge de 15 ans dans l’atelier de son père et entre de plein pied dans le noir et blanc. Il commence alors à photographier des paysages et à mieux cerner les sujets qui l’intéressent, il façonne son style. Rolfe obtient sa licence de lettres à Diablo Valley College en 1993. Pendant ses années d’études, il a travaillé comme assistant d’un photographe commercial, où il a appris beaucoup sur le système de zone et les techniques d'impression. Rolfe étudie la photographie de paysage avec Mark Citret, alors associé d'Ansel Adams, avant d'entrer à la fin de l’année 1993, à la Brooks Institute de photographie à Santa Barbara, en Californie. Il a reçu de nombreuses récompenses pour ses photographies en noir et blanc de paysages californiens. En 1998 Rolfe renonce à la photographie commerciale pour assister Michael Kenna. Le travail pour Kenna lui a permis de concentrer tous ses efforts sur la photographie d’art. Durant 3 ans en tant qu’assistant, il se consacre à de nouveaux projets, est exposé dans des galeries et prend la décision de voler de ses propres ailes en 2001.
La nature lui correspond :
Pour lui la photographie est un rituel méditatif, il juge son quotidien un peu écrasant et la photographie représente alors un moyen d’évasion. Dès qu’il le peut il prend sa voiture et augmente son périmètre de travail en multipliant les sujets. Il part en voiture puis se gare et marche à la découverte du monde qui l’entoure à la recherche de sujets intéressants. Il explore l'autoroute de la côte Pacifique et se passionne rapidement pour les voyages à l’étranger. La nature et ses paysages l'attirent à plusieurs titres. Il est solitaire, la nature est calme, il aime y flâner à la recherche d’un lieu qui va l’émerveiller. Sa curiosité le pousse à toujours vouloir voir derrière la montagne, au bout du chemin ou de l’autre côté de la vallée.
Résolument argentique :
Rolfe voit dans l’argentique un processus de patience qui l’aime et lui correspond, rien n’est immédiat quand on travaille en analogique. Il faut développer le film dans une chambre noire, ce qui peut prendre 5 heures ou plus. Avec le numérique on voit de suite le résultat sur l’écran il n’y a pas l’incertitude de la réussite de chaque cliché, cela enlève la part de rêve et d’espoir. Quant au tirage sur papier, il perd tout son sens puisqu’il faut passer par un laboratoire qui fait ça automatiquement pour vous. Il n’y a plus la valeur ajoutée du développement. Rolfe lui aime apporter cette touche personnelle lors du développement, il travaille par zone, il expose ses films par morceau et développe en conséquence pour obtenir les effets désirés selon les ombres et les points culminants. Tout ce travail qui serait trop long à expliquer ici est d’ailleurs très bien détaillé dans le livre d’Ansel Adams « Négatif ». De plus toujours selon Rolfe, en numérique la retouche est si facile que la photographie en perd tout son sens initial. Il reste donc partisan de l’argentique pour le côté tactile et le rapport profond que le photographe a avec chaque tirage.
Sa méthode de travail :
Avant toute séance Rolfe vient repérer les lieux, en général il vient plusieurs fois pour bien s’imprégner du paysage. Puis il s’y rend le jour où la lumière lui semble appropriée. A partir de là, il travaille de deux manières différentes. La première méthode consiste à attendre que les conditions optimales soient réunies pour faire sa ou ses prises de vue. Parfois cela peut lui prendre plusieurs jours afin que le nuage qu’il s’est mis en tête se positionne au bon endroit de son cadrage déjà visualisé, et puis il y a la lumière qui elle aussi doit être parfaite. Selon lui aujourd’hui la plupart des photographes n'ont plus le temps ou la patience d'attendre si longtemps. On en revient encore à sa conception de la photographie qui se résume dans l’art de la patience.
La seconde méthode n’en est pas une, il se laisse guider par le vent, la lumière et les formes. Ce sont les éléments qui vont retenir son attention, et là il entre dans la part d’aléas de sa discipline, la photographie non planifiée, quand le paysage l’appelle et le force à déclencher. Adepte de la longue exposition, il la prend comme la façon de résumer le temps qui avance devant ses yeux. Témoin privilégié des nuages qui bougent, de l’eau qui coule et du vent qui fait frémir les feuillages, subitement sous l’effet de la capture, tel un élastique, tout se remet définitivement en place pour s’immobiliser et résumer ce moment de temps écoulé.
Pour découvrir l’étendue du talent de Rolfe Horn je vous conseille de visiter son site : http://www.f45.com/