Ses rencontres déterminantes :
Ansel Easton Adams est né en 1902 dans une famille bourgeoise à San Francisco, son père était entrepreneur chef d’entreprise de bois de construction héritée de son père. En 1907 la crise bancaire toucha durement la famille qui vit son train de vie considérablement diminuer. L'exposition qui accompagne l'inauguration du Canal de Panama en 1914 va déclencher sa passion pour la photographie.En 1915 Ansel arrête l’école et s’oriente vers l’apprentissage de la musique et du piano. Mais tout change lorsque âgé de 14 ans et équipé d'un N°1 Box Brownie de Kodak, il se lance dans la photographie, avec comme sujet principal la vallée de Yosemite proche de chez lui. Il se mariera d’ailleurs en 1928 dans ce parc. Dès le départ, il manifeste une passion pour les paysages grandioses de l'Amérique.
En 1919, il rejoint le Sierra Club, du nom de la chaîne de montagnes du Nevada, qui milite pour la protection et la sauvegarde de la nature et de ses espèces sauvages. Photographe et écologiste américain, maître de la photographie en noir et blanc de l'Ouest américain, et notamment de la Sierra Nevada, et plus particulièrement du Yosemite National Park. En 1927, plusieurs rencontres vont être déterminantes dans la suite de sa carrière. D’abord Albert M. Bender qui va l’aider financièrement à concrétiser ses projets. Puis Edward Weston, futur collègue et ami, avec qui il fondera en 1932 le Groupe f/64. Ce nom fait référence à la plus petite ouverture de diaphragme d'un objectif qui permet de réaliser des tirages très pointus, avec une profondeur de champ maximale et une netteté parfaite sur tous les plans de l'image. La même année il créera la revue « Aperture » (ouverture). Mais c’est en 1930 sa rencontre déterminante avec Paul Strand, inventeur de la « straight photography », par opposition au « soft focus » qui le marquera à tout jamais, le confortant dans sa vision d'une photographie pure et dénuée d'artifices. Enfin en 1933 il rencontre un fan de son travail en la personne d’Alfred Stieglitz, dont l'épouse possède la galerie « American Place » à New York. Cela va lui permettre d'y exposer ses images et d’accéder à une plus grande notoriété. Il ouvre d’ailleurs sa propre galerie la même année à San Francisco.
Sa passion écologique :
Ses clichés sont grandioses, intemporels et saisissants, son style unique combine à la fois une vision esthétique idéaliste et un engagement politique fort. En 1936, il décide alors de faire un grand périple dans le sud-ouest des Etats Unis en compagnie d’Edward Weston, de la photographe Georgia O'Keeffe et son ami David McAlpin. Ils prennent de nombreux clichés. Dès leur retour, ils adressent des copies au Président Roosevelt, qui décidera de faire du Canyon King's River un parc naturel en 1941. Ses images commandées par le gouvernement fédéral ont eu un poids déterminant dans cette décision, car elles furent distribuées à tous les sénateurs et députés américains. La photo sera d'ailleurs une arme précieuse dans la croisade menée par Adams pour l'écologie. Ses actions militantes pour sauver les parcs nationaux le rendent célèbre et il reçoit trois fois le prestigieux prix Guggenheim. Il avait compris que l'émotion suscitée par la photographie l'emporterait toujours sur les discours, et finirait par forcer le changement. Il est en effet successivement invité par Lyndon Johnson, Gerald Ford, Jimmy Carter et Ronald Reagan. En 1940, il participe avec McAlpin à la fondation du Département de la Photographie au Museum Of Modern Art (MOMA) de New York. Aujourd’hui ses images du Yosemite, du Grand Canyon, du Southwest, de la High Sierra, ou d’autres paysages de nature et de parcs nationaux, font partie du patrimoine américain. C’est un homme qui par son art a su faire reculer les appétits industriels dominés par l’argent et cela lui a donné confiance et charisme. Son œuvre semble annexée à la Constitution américaine comme une prise de conscience et de territoires pour les Américains. Ses images étaient destinées à influencer les politiques de Washington afin de sauvegarder les régions, les villages, leurs habitants. En totale empathie avec cette vie sauvage, sachant restituer les mystères et la grandeur des territoires, il aura été l’un des sauveurs des parcs nationaux. D’ailleurs ses nombreux portraits d'Indiens étaient une sorte d’hommage à ceux qui avaient su fusionner avec la terre mère, sans en troubler l'ordre et l'équilibre.
En 1941, en collaboration avec Fred Archer, Adams développe le « zone system » qui permet de déterminer la juste exposition et d'ajuster correctement le contraste sur le tirage final. C’est un procédé sensitométrique qui codifiait son approche de l'exposition, du développement et du tirage selon différents niveaux de gris, à la manière de notes sur une partition musicale. La profondeur de champ et la clarté qui en résultent sont la marque de fabrique des photographies d'Ansel. Dans un premier temps Adams utilisera des appareils photographiques grand format (supérieurs à 4x5 pouces), qui malgré leur taille, leur poids, le temps de mise en place et le prix des films sont un bon moyen, de par leur résolution élevée, de s'assurer d’un piqué très poussé de l'image.
Ses derniers combats :
En 1943 Adams se rend dans le camp de Manzanar, un lieu d'internement de « Japonais-Américains » 2 ans après l'attaque de Pearl Harbor. Les textes qui accompagnent le livre « Born Free and Equal » dénoncent avec virulence la violation des droits civiques de ces internés. Manzanar est l’un des quelques endroits où le gouvernement américain à enfermé près de 120 000 résidents américains d'origine japonaise, dont 2/3 étaient de citoyens américains. Je vous invite à lire l'article, il est édifiant. Après la guerre, il se consacre à l'enseignement des techniques de prises de vue et fait éditer une série d'ouvrages en ce sens qui font encore autorité aujourd'hui.
En 1949, il croise la route du Dr Edwin Land, l'inventeur du Polaroid et Adams va très largement utiliser et contribuer à diffuser ce procédé, après avoir utilisé aussi bien des grands-formats que des appareils miniatures. Il poursuit ses pérégrinations à Hawaii, en Alaska et dans le Maine et collabore avec Dorothea Lange à une commande de Life sur la vie des Mormons en Utah. En 1962, il se retire à Carmel en Californie et devient le président de l'association « Friends of Photography ». En 1970, il participe à la création du « Center for Creative Photography » de Tucson, en Arizona, où se trouve actuellement son fonds photographique. Il réactualise ses parutions techniques, rédige son autobiographie, tire le portrait de Jimmy Carter en 1979 et prépare d'autres expositions.
Déjà atteint d’un cancer, c'est un arrêt cardiaque qui mettra fin à ses jours en 1984. Et oui, il y a presque 30 ans déjà ! Et c’est un très grand Monsieur que nous avons perdu mais il nous a laissé un héritage incroyable et inestimable. Ansel Adams consacrera une grande part de sa vie aux parcs nationaux américains. Par la pureté de ses images, il contribuera à leur préservation et suscitera l'engouement du grand public pour la nature, incitant même à la création de nouveaux espaces protégés. L'ensemble des photographies des parcs nationaux d'Ansel Adams constitue en tout 24 albums. Il a réalisé des milliers de photographies, surveillant tirages et reproductions avec jovialité mais détermination. Ses portraits de gens sont moins connus, ses photos en couleur également, car il reste le maître incontesté du noir et blanc et le virtuose de la chambre photographique. Il est l’un des rares photographes à avoir encore autant de succès et de publications de son travail si longtemps après sa mort : Tee-shirts, calendriers, posters, livres. Une réserve de nature sauvage porte désormais son nom, au sud du parc national de Yosemite, en Californie. Enfin, Matthew Adams, le petit-fils d'Ansel Adams est aujourd’hui le président de la société « Ansel Adams Galerie », il est la quatrième génération à diriger cette affaire, qui est concessionnaire du National Park Service.
Le site d’Ansel Adams : http://www.anseladams.com/