Sha Fei

De son vrai nom Situ Chuan, il se faisait appeler Sha Fei (sable volant) pour exprimer son désir de devenir métaphoriquement un petit grain de sable lui permettant de voler librement dans toute la Chine. Il était l’un des photographes chinois les plus estimés durant la guerre sino-japonaise entre 1937 et 1949.  Sha Fei est né à Guangzhou en 1912, où son père, Situ Junxun dirigeait une petite entreprise. En 1926, il suit des cours durant 6 mois dans une école de radio de Guangzhou. En juillet de la même année, il rejoint l'armée nationale révolutionnaire pour l'expédition du Nord, en tant qu'opérateur de télégraphe de l'armée du Nord. Il s'est rendu à Shanghai, Ningbo, Xuzhou et Jinan… Fin 1928, après que le gouvernement national ait établi son siège à Nanjing, Sha Fei retourne à Guangzhou et est affecté à la station télégraphique de l'armée à Wuzhou, dans la province de Guagnxi, jusqu'en 1931. Quand il était jeune, sa famille vivait relativement bien, mais c’est en 1931 que les affaires de son père ont commencé à décliner. Sha Fei était déterminé à acquérir des compétences pratiques afin de subvenir aux besoins de sa famille.


De 1932 à 1936, il travaille comme technicien à la station de radio Shantou. Selon Sha Fei lui-même, c'est à cette époque qu'il a commencé à s'intéresser à la photographie, quand il entraperçut des photographies de reportage dans les magazines illustrés venant de l’étranger. Ces illustrations étaient très différentes de la photographie chinoise plus lyrique et orientée exclusivement sur le loisir. Sha Fei sera tout d’abord un fervent acteur de la scène photographique artistique. Mais le Parti le prendra rapidement sous son aile pour en faire le photojournaliste attitré d’un journal communiste vers la fin des années 1930. Il se retrouve sur le front, chargé de conditionné l’opinion publique de son temps. Alors que les mises en scène dramatiques et puissantes de ses photographies possèdent une dimension théâtrale, elles n’en demeurent pas moins des documents historiques inestimables.


En juin 1935, alors qu'il vivait encore à Shantou, il intègre la Black and White Photography Society basée à Shanghai, et présente son travail lors d’une exposition. Bien que ses premières photographies, en particulier celles présentées dans l'exposition Black and White, soient davantage axées sur l'esthétique moderniste et le souci de la beauté formelle, l'expérience de la participation à l'exposition de Shanghai lui ouvre les yeux. Au milieu de 1936, il décida de quitter son poste à la radio Shantou et de partir à Shanghai pour se lancer dans la photographie. À cette époque, Shanghai comptait la communauté d'arts visuels modernes la plus active de Chine. Il s'inscrivit au département de peinture occidentale de l'académie d'art de Shanghai à l'automne 1936.


En 1937, il arrive à Taiyuan, dans la province du Shanxi, dans l'espoir de mettre ses compétences photographiques au service de la guerre contre le japon. Il devient photo-reporter pour l'agence de presse Quanmin tongxunshe, une agence de presse communiste créée en 1934. Il est envoyé sur le front à Pingxingguan, site stratégique du nord du Shanxi, où il photographie l'une des rares victoires chinoises contre les Japonais. En octobre, il a officiellement rejoint l’armée de la Huitième Route et s’est joint à l’armée pour établir une base de résistance anti-japonaise à la frontière du Shanxi. En route, il a pris de nombreuses photographies de scènes de bataille et de l'armée communiste.


Sha Fei a pris des milliers de photos de la violence japonaise brutale, de scènes de champs de bataille, de la résistance chinoise locale, du quotidien des gens et de visiteurs étrangers et nationaux au front. Les portraits des généraux communistes, des visiteurs étrangers, des soldats anonymes et des habitants sont des documents historiques très utiles, même de nos jours. Conscient de l’importance historique de sa mission photographique, Sha Fei a attaché un soin particulier à ses négatifs et à leur catalogage, exhortant ses collègues à protéger leurs négatifs de leurs vies. Grâce à ses efforts, ces négatifs continuent de constituer une source essentielle d’images pour cette période.


Les longues années de travail intense et les mauvaises conditions de vie ont conduit à l’effondrement de la santé mentale et physique de Sha Fei. Il fut envoyé à l'hôpital Norman Bethune de Shijiazhuang pour être soigné de la tuberculose en mai 1948 et n’en sera jamais guéri. Le 15 décembre 1949, alors qu'il souffrait d'une maladie mentale grave, il tue un médecin japonais. Deux mois plus tard, en février 1950, il est exécuté pour ce crime, il était âgé de seulement 38 ans !


Il n’y a pas de site consacré au travail photographique de Sha Fei, mais voici un lien qui vous permettra d’en découvrir un peu plus sur ce photographe chinois : https://medium.com/fairbank-center/the-photography-of-sha-fei/


Quelques unes de ses photographies sont dans le portfolio :