Le para Flament :
Marc Flament est né le 7 octobre 1929 à Bordeaux dans une famille de boulangers. Il fait de courtes études avant d'intégrer les Beaux-Arts en section peinture. A l’âge de dix-huit ans, après le décès de ses parents, il s'engage pour 3 ans dans le 6eme Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes pour servir en Indochine. Breveté parachutiste le 7 octobre 1948, il débarque à Tourane dans l'Annam en juin 1949. La ville de Tourane est intimement liée à l'histoire de la présence française. C'est en effet dans cette baie que les troupes franco espagnoles dirigées par l'amiral Rigault de Genouilly et le colonel Langerote ont débarqué en 1858, bien décidés à forcer l'ouverture de l'Annam au commerce avec l'étranger. 30 ans plus tard, la ville devient concession et prend le nom de Tourane.
Le sergent Flament :
Nommé caporal le 1er janvier 1951, il rejoint la 11e compagnie du 6e bataillon de parachutistes coloniaux. Arrivé au terme de son contrat, il rentre en France à l'été 1951. En avril 1952, toujours attiré par l'Asie et l'action, il se rengage avec la 1ère demi-brigade coloniale de commandos parachutistes. Nommé caporal-chef le 1er août 1952, il est affecté à la base aéroportée Sud. Détaché au groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA), il se distingue le 30 décembre 1952 lors d'une opération de diversion arrière puis le 23 avril 1953 au cours de l'opération amphibie « RIFF ». Assez grièvement blessé à la cuisse, il s'empare avec son groupe de ses objectifs sous le feu des armes automatiques ennemies. Pour son courage, son esprit de décision au combat, il est cité à l'ordre du corps d'armée et reçoit la Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures. Promu sergent le 1er août 1953, il effectue de nombreux raids avec la « flotte pirate » des GCMA du Centre Annam. Chef de groupe apprécié pour son allant et sa bonne humeur dans les situations les plus délicates, il est pour ses actions d'éclat à nouveau cité à l'ordre de la brigade en septembre 1953 puis à l'ordre du corps d'armée en mars 1954 pour avoir entraîné ses hommes à l'assaut d'un village tenu par le Viêt-Minh. En août 1954, il est affecté au service presse information. Passionné par le dessin, il profite de ses moments de repos et d'attente pour réaliser des dessins humoristiques sur la vie des forces armées françaises en Indochine et les publie dès 1952 dans la revue militaire « Caravelle ». La guerre d'Indochine terminée, il rentre à Bordeaux en février 1956.
Le photographe de Bruno :
Avide d'action, il écourte son congé pour rejoindre l'Algérie et se réengage, bien qu’il n’ait aucune expérience dans ce domaine, il est affecté comme photographe au sein de la 10eme division de parachutistes. Il débarque à Alger le 24 juillet 1956 et réalise son premier reportage lors de la campagne de Suez la même année. Il trouve là une nouvelle passion qui s’accorde avec son goût prononcé pour l’aventure et l’action. A son retour, il se fait affecter en juillet 1957 au 3eme régiment de parachutistes coloniaux, le sergent Flament devient alors le photographe fétiche du lieutenant-colonel Bigeard et des parachutistes avant de devenir le photographe attitré de « Bruno », surnom de Marcel Bigeard, qui correspondait en réalité à son indicatif radio. Il participe à toutes les opérations avec les parachutistes et les commandos de chasse. Il est de tous les combats, saute à deux reprises dans le Sahara, crapahutant avec les sections de tête. Faisant l'admiration de tous pour son magnifique élan et son courage, la Croix de la Valeur Militaire lui est décernée à l'ordre de la brigade puis du corps d'armée pour sa fougue et son action tout particulièrement lors des opérations dans l'Atlas Blidéen.
Le sergent-chef Flament :
Nommé sergent-chef le 1er avril 1958, il est décoré de la Médaille Militaire en décembre de la même année. En mars 1959, il est affecté à l'Etat-Major de l'arrondissement de Saïda. Armé de son appareil photo et au mépris du danger, il sillonne toute l'Algérie et se distingue comme reporter photographe pour son sens aigu de la mission et son comportement exemplaire au combat. Il est alors cité à 2 reprises à l'ordre de la brigade. Sa collection de photos de guerre regroupe 35 000 clichés sur ce conflit jusqu’en 1961, mettant en valeur, souvent sur un mode héroïque et esthétisé, les hommes du 3eme RPC. Il publie 33 livres, dont les incontournables « Piste sans fin » et « Aucune bête au monde », écrits avec le colonel Bigeard lui-même. Ses images, produites hors du cadre du 5eme bureau, échappent au filtre de la censure institutionnelle. Largement exploitées et diffusées localement, elles reflètent parfois la dureté des arrestations, des perquisitions et des combats. Militaire français, romancier, artiste et photographe, sa production est marquée à la fois par des recherches formelles, et par une empathie frappante avec ses sujets. Il réalise ainsi tour à tour de nombreux et touchants portraits d’enfants et des clichés qui subliment la souffrance ou le désarroi des parachutistes : la photographie de la mort du jeune Jacques Schneidenbach suggère ainsi des rapprochements avec certaines représentations de La Pietà, comme une sorte de clin d’œil aux Beaux-Arts sûrement.
Le sergent-chef Flament était titulaire des décorations suivantes : Médaille Militaire, Croix de guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures avec 2 étoiles de vermeil et 1 étoile de bronze, Croix de la Valeur Militaire avec 1 étoile de vermeil et 3 étoiles de bronze, Croix du Combattant, Médaille Coloniale avec agrafe Extrême-Orient,Médaille Commémorative de la campagne d'Indochine, Médaille Commémorative des opérations du Moyen-Orient, Médaille Commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord avec agrafe Algérie, Insigne des blessés militaires.
Le réalisateur Flament :
En avril 1961, il quitte le service actif pour éviter la grisaille et la routine. Mais l'armée et le cinéma l'attirent toujours. Après 10 ans d'interruption, il est rengagé en 1971 comme réalisateur à la 1ère Compagnie Autonome Interarmées du Cinéma qui deviendra l'Etablissement Cinématographique et Photographique des Armées (ECPA). Il y réalise près de 50 films. Arrivé en fin de contrat le 9 avril 1974, le sergent-chef Marc Flament prend alors sa retraite mais continue à travailler régulièrement avec l'ECPA à titre civil. En 1982, il renoue avec la peinture, ouvre une galerie à Paris et entre dans la liste des peintres cotés. En 1988, il rachète et se lance dans la restauration et l'animation d'une forteresse médiévale : le château de Culan…
Il décède le 17 novembre 1991 et est inhumé dans les jardins de son château. Remarquable combattant et chef charismatique, le sergent-chef Flament était un sous-officier passionné par l'action. Artiste, dessinateur, photographe, écrivain et cinéaste, animé du souci constant d'honorer la mémoire de ses frères d'armes, il a immortalisé les scènes de vie, les actions d'éclats et les pages de gloire des forces françaises engagées sur de nombreux théâtres d’opérations. Médaillé militaire et sept fois cité, il fait partie de ces sous-officiers d'exception qui méritent tout particulièrement d'être donné en exemple aux jeunes générations !
Marc Flament n’a pas de site internet dédié à son travail colossal. En revanche, on peut trouver divers articles sur lui, son histoire et quelques unes de ses nombreuses images ici : http://archives.ecpad.fr/tag/marc-flament/