Frantz Adam est né le 1er janvier 1886 à Bourg-en-Bresse dans l’Ain, dans une famille catholique aisée. Psychiatre confirmé avant la guerre, il est aussi un excellent photographe amateur alsacien qui a photographié la Guerre 14-18 sous différents aspects. Au total on a récupéré un peu plus de 600 photographies qui constituent aujourd’hui un véritable trésor historique sur la documentation de cette guerre de tranchées. Médecin aide-major au 23ème régiment d'infanterie de Bourg à la mobilisation, Frantz Adam passe médecin-major fin 1917. Il profite de sa fonction pour circuler en permanence dans les tranchées de l'arrière-front, observant avec empathie ses camarades du 23e R.I., tout autant que les soldats alliés et les prisonniers ennemis. D’ailleurs les trophées et les allemands n’apparaissent pratiquement pas sur ses images. Apprécié de ses hommes il est aussi surnommé « Papa Adam ».
Il va prendre ce conflit durant 4 ans avec son Kodak Vest Pocket entre les soins apportés à ses compagnons d’armes. Il regarde la guerre autrement que les reporters de guerre de l’époque, il montre la guerre sans la maquiller, sans dessein de propagande ! Vosges 1915, Somme 1916, Verdun 1916, Chemin des Dames 1917, libération de la Belgique 1918 ou en Alsace et durant l’occupation de la Rhénanie la même année… Partout où le conflit prend racine, il est là avec son appareil photo et documente chaque étape.
Alsacien, patriote, il a témoigné également, notamment sur les mutineries de 1917, dans un texte très personnel permettant, chose rare, de situer ses photographies dans le contexte de l’époque. Celles-ci, parfois bouleversantes, montrent destructions et souffrances d'un monde en guerre et des images fugaces de la camaraderie de l’homme en temps de guerre qui a aidée à y faire face. Au sortir de la Grande Guerre, à trente deux ans, Frantz Adam est nommé médecin chef de l'asile de Rouffach dans l’Alsace reconquise, jusqu’à sa retraite prise le 1er janvier 1956. C'est aussi là qu’il sera arrêté par les autorités du Troisième Reich à la suite de l'offensive de mai 1940.
Expulsé, il est nommé par le régime de Vichy médecin chef de la Chartreuse, dans le Périgord, où sont relogés un grand nombre d'Alsaciens. Il y est confronté aux conséquences du rationnement, dont la mise en œuvre est faite au détriment des aliénés et met en péril leur existence en tant que malades. Grand humaniste, il est le premier, le 28 avril 1941, à dénoncer officiellement l’hécatombe des fous.
Retiré en région parisienne, il décède en 1968 à Villejuif, et est enterré au cimetière de Vanves en ayant laissé un héritage inestimable aux jeunes générations. Passé à la postérité, il aura fallu presque un siècle pour qu’environ 150 de ses photographies soient rassemblées, à l’initiative de L’agence France-Presse, dans un ouvrage intitulé « Ce que j’ai vu de la Grande Guerre », paru aux éditions La Découverte en 2013.
Ce site parle de lui et présente quelques-unes de ses images : http://centenaire.org/fr/tresors-darchives/fonds-prives/archives/ce-que-jai-vu-de-la-grande-guerre-photographies-de-frantz