Le photojournaliste suisse René Burri est né le 9 avril 1933 à Zurich. Enfant, il passe son temps à dessiner. Son aventure avec la photographie débute quand il a 13 ans, son père lui donne un petit appareil photo Kodak et lui demande de faire la photo à Zurich, d’un homme très important qui allait passer dans la rue, il s’agissait de Winston Churchill !
Ses premiers pas dans le photojournalisme :
En 1949, René Burri entre à l'École des arts appliqués de Zurich, il a 16 ans ! Il sera diplômé quatre ans plus tard, en 1953. Il ouvre un atelier avec Walter Binder en 1954, avant de faire son service militaire en Suisse, où il découvre l’usage du Leica qu’il troque contre un Rolleiflex. Il est engagé comme photographe dans l’atelier de Josef Müller-Brockmann, célèbre graphiste. Mais il a surtout la ferme intention de voir du pays, attiré qu’il est par le cinéma documentaire. En 1954 et 1955, il travaille comme assistant-caméraman en Suisse pour Walt Disney Film Production. Initialement attiré par le cinéma documentaire qui l'influencera par la suite, il s'oriente finalement vers la photographie. Burri a 23 ans lorsque l’agence Magnum adosse son nom au côté du sien pour la première fois. De 1956 à 1958, il devient correspondant auprès de Magnum Photos et voyage en Tchécoslovaquie, en Turquie, en Egypte, en Syrie, en Iraq, en Jordanie, au Liban, en Italie, en France, en Espagne et en Grèce. Il devient membre et photographe reconnu de l’agence Magnum en 1959. Il gagne ainsi sa vie comme photojournaliste avec son « Troisième œil », nom familier qu’il donne à son Leica. D’ailleurs l’une de ses célèbres citations restera dans nos mémoires : « Mon troisième œil est là pour mettre le nez là où il est interdit de le mettre ! »
Il a 33 ans quand il épouse Rosellina Bischof, veuve de son ami et immense photographe Werner, décédé en 1958 dans les Andes Péruviennes lors d’un accident de voiture. En 1964, il se rend en Chine pour Life et voit la naissance de sa fille Yasmine, que l’on découvre embrassant un petit garçon nommé David dans une de ses photographies emblématiques. En 1965, il partage son temps entre le tournage de « The two faces of China » film documentaire pour la BBC et la photographie. Il tirera également parmi d’autres les célèbres portraits de Le Corbusier, Giacometti, Tinguely, Klein ou Picasso…
Reportages de guerres :
Dans les années 1950, il travaille pour de grands magazines et particulièrement pour Life. Burri photographie alors presque tous les grands événements de l'époque : la guerre de Corée puis celle du Viêt Nam, la crise de Cuba et l'Amérique latine (où il photographie notamment Che Guevara et Fidel Castro), les bouleversements économiques et culturels en Chine, en Amérique du Sud ou en Europe. C'est un témoin de l'histoire qui veut restituer sa propre vision du monde. En 1967, avec ses boîtiers autour du cou, il couvre la guerre des six jours et voit la naissance de son fils Olivier. Il couvre aussi les conflits du Cambodge et de Beyrouth dans les années 80.
Il n'y a pas de cadavres sur ses photos de guerre. Le photographe est surtout célèbre pour ses images fortes, qui renvoient aux évènements les plus tragiques, mais également pour ses compositions graphiques.
Son style :
Contrairement à son mentor Henri Cartier-Bresson qui capte « l'instant décisif », le Zurichois travaille davantage sur le long terme. Ses photos fonctionnent souvent en série pour raconter des histoires. René Burri a photographié la planète, son travail est reconnu dans le monde entier. Il savait trouver le point de vue et la bonne distance dans ses cadrages avec parfois de l’humour dans le choix des situations et des personnages. « Les images sont comme les taxis aux heures de pointe : si on n’est pas assez rapide, c’est un autre qui les prend. » déclarait-il.
Burri considérait la photographie comme un moyen d'expression personnel, un outil lui permettant de montrer avant tout le reflet de ses propres préoccupations. L’une de ses citations illustre bien cela : « Les jeunes doivent utiliser leurs yeux, leur esprit et leur cœur. Le secret est la curiosité. Chacun doit chercher en lui-même un comportement moral, trouver son chemin propre. Ils doivent pénétrer dans l’apparentement imperceptible car on a besoin des témoignages. »
Une fin de carrière en apothéose :
En 1982, il est élu président de Magnum France. Une première rétrospective lui est consacrée à Zurich, Paris et Lausanne, qui présente son livre « One World » 30 ans de Photographie en 1984. Cette même année, il est élu président de Magnum Europe. La plus belle récompense lui sera attribuée en 1998, lorsqu’il reçoit le Prix Erich Salomon pour sa carrière de photojournaliste. En 2013, René Burri crée sa propre fondation au musée de l'Élysée à Lausanne. René Burri nous a quittés le 20 octobre 2014 à son domicile de Zurich, il avait 81 ans.
Le site de l’agence Magnum présente nombreuses des photographies de René Burri ici : https://pro.magnumphotos.com/