Leonard Freed est né le 23 octobre 1929 à Brooklyn, dans une famille juive originaire de Minsk en Biélorussie. Voulant d’abord devenir peintre, il prend ses premières photographies aux Pays-Bas en 1953, et se découvre une véritable passion. Il s’intéresse dès lors à la photographie et apprécie les images de Cartier-Bresson, qu’il découvre par hasard dans une librairie. En 1954, après des voyages en Europe et en Afrique du Nord, il retourne aux États-Unis et étudie dans le « Laboratoire de design » d’Alexeï Brodovitch, alors directeur artistique du magazine Harper's Bazaar.
Entre 1954-56, de retour à New York, il réalise son premier reportage sur les Juifs orthodoxes. En 1956, il repart en Europe photographier la ville de Marcinelle enterrant 262 mineurs de la catastrophe du Bois du Cazier. Leonard Freed s'installe à Amsterdam, avec sa femme Brigitte, en 1958 et y photographie la communauté juive. Il a poursuivi cette préoccupation dans de nombreux livres et films, en examinant la société allemande et ses propres racines juives. Son livre « Les Juifs en Allemagne » a été publié en 1961, et « Made in Germany » sur l'Allemagne d'après-guerre, est paru en 1965. Travaillant en tant que photographe pigiste à partir de 1961, Freed a commencé à voyager largement, il photographie en 1964 le révérend Martin Luther King dans sa voiture, dans un bain de foule. Il sort son appareil de sa poche et prend une photo instantanée, très rapprochée de King et l’immortalise, entouré de cette foule qui le porte aux nues, les visages rayonnant de joie... En 1967 il suit les événements en Israël, la guerre de Yom Kippour en 1973 et le service de police de New York (1972-79). Il a également tourné quatre films pour la télévision japonaise, néerlandaise et belge.
En 1972 Freed a rejoint l'agence Magnum, il y sera l’auteur de nombreux reportages sur des sujets sociaux. Avec son appareil photo Leica, suffisamment petit pour entrer dans une poche et son regard singulier sur le monde, il est l’un des grands noms du photo-reportage, qu’il va pratiquer sur près d’un demi-siècle. Sa couverture du mouvement américain des droits civiques l'a rendu célèbre, mais il a également produit des essais majeurs sur la Pologne, l'immigration asiatique en Angleterre, le développement du pétrole de la mer du Nord et l'Espagne après Franco... La photographie est devenue le moyen de Freed d'explorer, de montrer et de dénoncer la violence sociétale et la discrimination raciale. Il va voyager partout dans le monde, répondant aux commandes de magazines comme Life, Look ou Stern. Mais le choix de ses sujets, liés à la discrimination, à l'antisémitisme, à la violence, ne doit rien au hasard. Pour lui qui a grandi dans une famille ouvrière et juive, la photo est une psychothérapie. Un moyen d'explorer par l'image à la fois les tensions de la société et ses propres racines. « Au lieu d’aller chez un psychiatre, je me soigne tout seul avec un appareil photo », affirme-t-il. Il fait ainsi des portraits du Ku Klux Klan, travaille sur la société allemande, rend visite aux communautés hassidiques de New York et de Jérusalem ou rend compte de la brutalité policière en 1980.
Il photographie comme un journaliste et questionne comme un photographe, sans relâche, ce monde en mutation. Au fil des années, son regard se radicalise, dans un souci perpétuel de vérité et photographie, jusqu’à ses derniers jours, depuis son lit de malade. Il laisse derrière lui une production d’un million de négatifs et un témoignage toujours d’actualité. Leonard Freed est mort d'un cancer, fin novembre 2006, à Garrison, dans l'Etat de New York. Il était âgé de 77 ans.
Pour en savoir plus sur Leonard Freed : https://www.magnumphotos.com/photographer/leonard-freed/