Né en 1921 à Lindau, en Allemagne, Clemens Kalischer a grandi à Berlin avant d’arriver à New York à l’âge de vingt et un ans, il était l’un des juifs qui avait survécu à l’Holocauste. Il n'avait pas d'argent et ne parlait pas anglais. Son seul bien était un livre du photographe juif hongrois André Kertész, intitulé « Paris vu par ». Il avait acheté ce livre à Paris, où il a vécu avec sa famille pendant six ans après avoir fui l'Allemagne en 1933. Après plusieurs années d'études en France, il fut déporté dans un camp d'internement en 1939. Il avait toujours le livre avec lui lorsque le gouvernement français l'avait emprisonné dans ce camp de détention, avec des milliers d’autres réfugiés allemands et espagnols. Séparé de sa famille, il est alors transféré de camps en camps, mais a toujours réussi à garder son précieux livre sur lui. Puis il retrouve ses parents et sa sœur par hasard et en 1942, avec l'aide du journaliste américain Varian Fry, libéré d'un visa d'urgence, sa famille et lui sortent de France direction les États-Unis.
Quelques années plus tard, Kalischer a trouvé un travail de copiste à l'agence de presse Agence France-Presse. Un jour, on lui a demandé de prendre des photos, car un photographe ne s’était pas présenté. À l'aide d'un Rolleiflex emprunté, il photographie le paquebot SS Normandie avant de le conduire à la casse. Ses images ont intronisé sa carrière de photojournaliste. Ensuite il suit des cours d'art à Cooper Union, il étudie la photographie à la New School for Social Research et il rejoint la Photo League, une coopérative créée par Bérénice Abbott, Paul Strand et Richard Avedon. Parmi ses premiers sujets figure la série « Personnes déplacées » sur les réfugiés européens arrivant aux États-Unis vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont beaucoup sont comme lui, des survivants de l’Holocauste.
En 1951, il quitte New York pour s’installer à Stockbridge, dans le Massachusetts, où il se marie et aura deux filles. A cette époque, ses photos paraissaient dans des publications comme Time, Life et The New York Times. En 1955, il participe également à l'exposition de groupe « The Family of Man » proposant des images du monde entier et suggérant l'universalité de l'expérience humaine. En 1965, Kalischer ouvre une galerie photo afin que des artistes peu connus puissent exposer leurs œuvres.
Tout au long de sa carrière, Kalischer a été un observateur silencieux qui ressent un lien étroit avec les gens et les lieux qu’il photographie. Il ne fait jamais poser ses sujets et ne tente pas de décrire des stéréotypes réconfortants, préférant laisser le processus se dérouler de manière organique et être surpris de ce qu'il trouve. Bien qu'il évite les messages explicites dans son travail, Kalischer a ouvertement défendu les causes en lesquelles il croit. Il a été actif dans l'aide aux réfugiés, la promotion des arts et la préservation de l'environnement. Il a contribué à la création du premier programme d’agriculture soutenu par la communauté du pays et a participé à « One by One », qui encourage le dialogue entre les survivants et les auteurs de l’Holocauste et leurs descendants.
Aujourd'hui âgé de quatre-vingt-treize ans, Kalischer vit et travaille toujours à Stockbridge. À la Galerie d'images et à Image Photos, il conserve des archives de ses photographies prises sur une période de près de soixante-dix ans. Son travail a été présenté The Sun.
Voici le site de The Sun qui rend hommage à Clemens Kalischer https://www.clemens-kalischer