Bruce le garçon précoce :
Le photographe américain Bruce Davidson est né dans l’Illinois, à Oak Park, dans la banlieue de Chicago en 1933. Il étudie la photographie au « Rochester Institute of Technology » de New York entre 1951 et 1954 puis une année supplémentaire dans le Connecticut, à la School of Design de l'université Yale à New Haven. Mais ses premières images Bruce les réalise très jeune dans les rues d’Oak Park, quand il a tout juste 10 ans et qu’il commence à explorer ce qui deviendra l’objet de sa vie, son métier et sa passion. A 16 ans il obtient sa première distinction en remportant le premier prix du Kodak National High School Competition. Il part ensuite pour Paris faire son service militaire durant lequel il travaille pour le magazine Life. En France il rencontre Henri Cartier-Bresson, l’un des fondateurs de l’agence Magnum Photo qu’il intègre à la fin de son service en 1958.
Un homme engagé :
Jusqu’en 1961, il crée plusieurs essais photographiques comme « The dwarf », « Brooklyn gang », « Freedom rides » et « Welsh miners » au pays de Galles. A partir de 1962, David prend le parti de suivre le mouvement des droits civiques dans le sud des Etats-Unis. Il suit la marche de Selma, la campagne d'inscription aux listes électorales qu’il photographie de l'intérieur, en y participant et en s'engageant. En effet Davidson, est un photographe militant, engagé, combatif qui grâce à ses clichés contribue activement à la cause noire du début des années 60. Dans l’Alabama en 1963 à Montgomery, il prend l’une de ses plus célèbres photographies sur laquelle on voit une militance noire arrêtée par des policiers blancs devant un cinéma qui programme « Damn the defiant ». Aujourd’hui, Davidson est encore en contact avec ceux qu'il a photographiés il y a plus de 50 ans, il n'était décidement pas juste venu faire un reportage dans le Sud…
Ses réalisations :
En 1970 les presses universitaires de Harvard publient « East 100th Street », son premier projet d’envergure. Pour ce livre, Bruce a choisi 123 photographies d’habitants de la 100ème rue du Spanish Harlem de New York, parmi mille clichés qu'il a pris à la chambre grand format durant deux ans. Toutes ses images sont des portraits, posés, réfléchis et autorisés, à l'opposé de « l'instant décisif » basé sur l’intuition du déclenchement de son ami Cartier-Bresson. Ce livre est alors considéré comme l’une des plus grandes références photographiques et s’accompagne d’une exposition au musée d’Art moderne de New York. Ainsi la population de la « 100th Street » s'est retrouvée dans les salles du MOMA. Tous ces gens « infréquentables », ces pauvres, ces prostituées et ces dealers, qui ignoraient ce qu'était un musée tout autant que l'art moderne. Il venait de passer 24 mois chez eux, se fondant dans le paysage, non pas en se faisant oublier, mais au contraire en se faisant accepter en demandant et en ne s'imposant jamais. Bruce Davidson a également publié d'autres livres photographiques, notamment « Subsistence U.S.A. » accompagné d’un texte de Carol Hill en 1973. Il s’attaque au métro new-yorkais avec « Subway » en 1986, il illustre le grand air avec « Central Park » en 1995, sans oublier « England-Scotland 1960 » en 2005 et « Circus » en 2007. Il réalise aussi quelques courts métrages, car comme Depardon il se révèle très doué caméra en main. Ses courts métrages « Living off the Land » et « Isaac Singer’s Nightmare and Mrs. Pupko’s Beard » seront tous les deux primés.
Son style photographique :
Ses images sont humbles et chargées d'émotions, elles expriment souvent la solitude et l'isolement des sujets photographiés. David aime montrer la sensibilité et la dignité de ses sujets, ainsi que la relation étroite qui l’unit aux personnes photographiées. La majorité de ses clichés affichent des gens ordinaires, des Noirs du Sud dans leur vie quotidienne. Ils travaillent, ils rêvent, ils élèvent des enfants qui jouent dans les rues comme tous les américains. Ces sujets sont en tous points identiques à ceux qui les humilient, la seule différence de taille et que les noirs sont pauvres. Dans son style qui oscille entre humaniste et portraitiste, Davidson se situe à la frontière du journalisme, il diffuse la parole anti-apartheid aussi fortement que d’autres de ses confrères qui ont optés pour des images dramatiques et ultra-militantes. Avec ses portraits de gens et de situations ordinaires renforcés par l’authenticité de son noir et blanc, c’est toute une part des Etats-Unis que Bruce Davidson donne à voir.
Vous pouvez découvrir les images de Bruce Davidson sur le site de Magnum : http://www.magnumphotos.com/